05 (annulé) et 06/10/81 – Nina Simone

+ Le Petit Faucheux au 23, rue des Cerisiers à Tours (37000)

Tout peut s’oublier, Nina Simone…
Le premier soir, on l’attendit vainement. Le second, il lui fallut trois heures de plus que prévu pour arriver. D’où ? On ne sait trop… Toutes les quarante minutes, le téléphone sonnait et faisait se taire un public gentil comme tout, prêt à la croire sur parole, une parole qui répétait sans cesse : « Je suis sur la route ! J’arrive ! ».
Quand Nina Simone apparut face aux survivants du Petit Faucheux, encore étonnamment nombreux en cet après-minuit largement dépassé, on ne peut dire que ce fut du délire, plutôt un soulagement. La diva, toute gêne bue, réclama davantage d’applaudissements ! Son immense sourire aux lèvres, son regard perçant tous les coins de la salle, vinrent à bout des plus réticents, déjà subjugués, avant de l’être par la voix, par sa tenue : justaucorps noir et blanc, blouson doré métallisé jeté sur des épaules nues, fard pailleté sur le visage.
Et la voix s’éleva. S’éleva : c’est beaucoup dire, tant Nina Simone ne fait le plus souvent entendre qu’une confidence maintes fois : répétée, soufflée du bout des lèvres, raclée au passage de la gorge, extirpée du fond de l’âme. Voix jaillissante toutefois, de velours abrupt, soutenu par le seul martèlement d’un talon ou par un déboulement forcené de la main gauche au piano. Et d’un seul mot, d’un seul geste, d’un seul regard, Nina Simone communiquait son rythme à la salle gagnée par tant de force innée.
Pas toujours, certes. Aux moments grandioses succèdent à l’évidence des instants plus difficiles. Comme des temps morts. Le temps que Nina Simone elle-même se cherche, trouve non pas le tempo, mais la volonté de se ressourcer. Superbe et vulnérable Nina Simone, mélange de frémissement et de froideur, tour à tour abattue et conquérante, sophistiquée mais toute nue, frimeuse mais authentique, jusqu’à paraître si proche de chacun de nous, bien que si lointaine… Se faisant attendre, arrivant et nous quittant sans cesse.
Pierre FAVRE. La Nouvelle République du 08/10/1981

– D. Stop

Orléans (45) // Futur Visiteurs du Soir // Septembre 1981 – 1985 // Tekno punk

LE DUO TEKNO PUNK Dans les bas fonds d’ORLEANS il y a deux, trois ans maintenant; camouflés dans une cave de stupéfaction, les murs vieillis cachaient un corps nouveau. Quatre D.STOP envisageaient une poussée synthétique, aux émulsions programmées sur boite à rythmes, basée sur des influences de bon augure (Métal U, Warum Joe); avec en plus les atouts de leur recherche personnifiée. Il en ressort une musique qui progresse et qui progressera, parce-que D.STOP sont inventifs. il parait même qu’ils composent leur musique tout seuls, sans l’aide de leurs mamans (sans blagues !). Le mot punk dans ce cas est très significatif car il est synonyme d’évolution. Mot qui sans doute ne restera pas entre les pattes des nostalgiques de soixante-dix-sept, sous peine de rester cloué par terre, les pieds en l’air. En Juillet quatre-vingt-deux, trois D.STOP décidèrent de se débarrasser du quatrième à fin d’enregistrer le premier single « Traitement de choc » Titre trés impulsif disponible à nouveau dans les kiosques branchés. Les 2 titres en face B sont Biens. Fin Juillet quatre-vinqt-trois, deux D.STOP décidèrent de se débarrasser du troisième à fin d’enregistrer six titres à Paris en prévision d’un mini 33Tours qui est sorti à présent et qui se nomme « Nouvelles du front ». Donc en bref, Klod Lelook, Phil Lethon et Sonny Brailleur laissèrent la place à :Sonny Brailleur et Ross Darnell; cela nous donne donc un DUO TEKNO PUNK, du punk rock moderne. Attendons Juillet quatre-vingt-quatre, un D.STOP continuera peut-être tout seul ? (Attention système rigoureusement périodique) ! D.STOP possède une quinzaine de concerts, au minimum; deux interviews rrrradiophoniques au minimum: trois interviews publiés, au minimum (Nouvelles d’Orléans, Best et Inquiétude (pardi !) Et pour finir, La troisième place au Hit Parade des autoproductions et indépendants,avec « traitement de choc ». Voilà, maintenant vous savez tout. Passons au questionnaire, et…….sans faire de manières.

Inquiétude n°2

Ils ont créé « Le Pratos » et « Le Petit Faucheux » :

Quand deux “parallèles” se rencontrent
PLAIDOYER POUR UNE CULTURE DIFFÉRENTE

Faut croire qu'il y avait un besoin. De qui, de quoi? Pas facile à. dire. Besoin d'un autre lieu à côté d'une infrastructure culturelle obstinément étriquée et, par voie de conséquence, désir d’une autre forme de spectacle face à une routine poussiéreuse. Besoin, aussi, de résurgences sauvages opposées au fleuve trop sage de la culture officielle et de ses affluents moins canalisés mais, finalement, tout aussi peu dérangeants. Alors, Tours, retrouvant pour une fois à juste titre son surnom de "petit Paris", vit naître un "café-théâtre". C'était "Le Petit Faucheux", étrange endroit sorti tout droit d'une chanson de Pierre Perret, au moins pour le décor. L'établissement faisait bientôt des petits, des bars ouvraient leurs portes aux artistes du coin et d'ailleurs. Tours, tout doucement, devenait une ville pas comme les autres aux yeux de beaucoup, sauf des Tourangeaux eux-mêmes comme il se doit, lesquels gardent, contre toute évidence, l'image du "désert culturel" local plaquée contre leurs rétines aveugles.
Les nouveaux venus rejoignaient dans la marginalité culturelle la troupe du « Pratos », issue de feu la Comédie de la Loire. Sous la houlette de Gilles Magréau et de Ramon Delgado, une dizaine de comédiens tourangeaux joue depuis dix ans les capitaine Fracasse à travers la France. Avec un passage sur son lieu de naissance de temps en temps jusqu'à, il y a quelques semaines, l'ouverture d'une salle permanente rue Losserand.
"Petit Faucheux" et "Pratos" : dans les deux cas, un succès qui ne doit rien à personne, sinon à ceux qui l'ont bâti à coups de sacrifices et d'enthousiasme. Une forme de culture dont l'importance est immense puisqu'elle est la seule à prendre des risques permanents, à commencer par celui de vivre. Jean-Paul Veyssière et Gilles Magréau : deux "parallèles" qu'il était intéressant de faire se rencontrer.
Patrice de SARAN.

NOUVELLE REPUBLIQUE. – Comment sont nés «le Petit Faucheux» et « le Pratos » ?
Jean-Paul VEYSSIÈRE. – Je voulais faire un « lieu » ouvert à diverses formes d’expression, où l’on pouvait boire un verre en lisant un livre pris sur les étagères. Un soir on a improvisé une soirée avec Armand Babel et on a fait le plein.
Gilles MAGRÉAU. – Avec la disparition de la Comédie de la Loire, il n’y avait plus d’unité de création théâtrale à Tours. Nous ne nous sommes pas accrochés à une
politique dont nous n’avions pas les moyens. Nous avons beaucoup tourné avant d’ouvrir notre théâtre.
N.R. – Comment expliquez-vous votre succès ?
J.-P. VEYSSIÈRE. – Au début, il y a eu une sorte de snobisme pour ce lieu paupérisant. Mais, alors que pour les grands spectacles le goût des gens évolue, pour les petites salles il est continu. Ça dépasse le phénomène de mode. Il y a une énorme personnalisation : la salle, le spectacle, mais aussi les gens. Il y a une convivialité qui n’existe pas au théâtre.
G. MAGRÉAU. – C’est vrai qu’aller au bistrot pour voir une pièce, c’est totalement différent que de passer les grilles du Grand-Théâtre, où tout est fait pour que tu ne
sois pas à l’aise.
N.R. – Et le public ?
G. MAGRÉAU. – Notre public n’est pas seulement étudiant et jeune. On voit des gens venir en famille. Ils sont tout à fait « neufs » et ne connaissent pas du tout l’arriéré
culturel de la ville.
J.-P. VEYSSIÈRE. – On a tendance à surestimer le fait étudiant. D’abord, c’est un état passager. Et l’étudiant est persuadé qu’il a vu tous les spectacles.
Suspicion
N.R. – Comment vos initiatives ont-elles été reçues par les responsables locaux ?

J.-P. VEYSSIÈRE. – Le seul endroit institutionnalisé où nous sommes connus, c’est le commissariat de police. Nous avons eu plein d’histoires de simple police qui ne gênaient sûrement pas la mairie. D’autant plus que côté des spectacles il y avait des activités particulières comme la réunion du comité Debrielle ou la défense de « l’Etoile bleue ».
G. MAGRÉAU. – Toute initiative privée à Tours est suspecte. On en a tellement peu l’habitude que l’on pense que cela cache quelque chose. Quand « le Pratos » a commencé, ils n’ont pas pensé théâtre mais organisation politique. Dans la salle du café de l’Époque, on nous a interdit de jouer pour des raisons de sécurité alors qu’il y avait trente personnes. Par contre, quand il y avait des réunions de soixante-dix
représentants de commerce au même endroit le problème ne se posait pas! Il y a même eu, apparemment, des pressions contre les gens qui voulaient nous consentir des baux commerciaux.
J.-P. VEYSSIÈRE. – Tout ce qui échappe à un contrôle municipal n’est pas tellement toléré.
G. MAGRÉAU. – Surtout dans la culture. Quand c’est le petit commerce, c’est moins fâcheux, parce qu’on sait ce que c’est.
J.-P. VEYSSIÈRE. – D’une certaine manière, je suis le seul à Tours qui fait du commerce subversif!
N.R. – Pourtant, aujourd’hui, vous êtes plus ou moins acceptés.
G. MAGRÉAU. –
A partir du moment où on tient malgré tout, il y a un processus de normalisation qui se produit. On vous laisse faire un petit peu et peut-être qu’un jour
vous serez dans le bulletin municipal. « Le Petit Faucheux », c’est un eu insolite qui peut attirer du touriste en visite dans le vieux Tours, Et c’est un lieu qui est mis à disposition de la ville sans avoir coûté cent balles aux pouvoirs publics!

Pas toujours le S.M.I.C:

NR. – Financièrement, comment vivez-vous ?
G. MAGRÉAU. –
« Le Pratos » reçoit depuis deux ans une subvention municipale (10.000 F cette année, soit le double de l’an passé). Le conseil général donne 22.000 F,
l’Education nationale 15.000 (on espère 35 ou 40.000 pour 1981) et l’an dernier la Région a donné 25.000 F non renouvelables. Ceci pour dix personnes. Depuis un an, nous arrivons à nous payer au S.M.I.C. Mais parfois on a un mois et demi de retard.
Rien à voir avec le fonctionnement d’un centre dramatique. La salle de la rue Losserand, dans un premier temps, il faut qu’elle s’autofinance avant qu’on songe à récupérer quoi que ce soit. Donc nous continuerons à tourner à l’extérieur pour pouvoir nous payer…
J.-P. VEYSSIÈRE. – Au « Petit Faucheux », nous essayons d’équilibrer les spectacles sur un an. Il n’y a ni bénéfice ni déficit, mais nous ne comptons pas notre temps de travail. Ce qui nous permet de vivre, c’est ce qu’il y a à côté, restauration, brocante,
vente de vieux livres. Mais cela n’a sûrement pas toujours été le S.M.I.C.
N.R. – L’idéal, c’est d’avoir des subventions, d’être « officialisé » ?
G. MAGRÉAU. –
Il faut être très prudent avec les subventions. L’antidote à la subvention, c’est un autre type de fonctionnement. Il ne faut pas travailler en fonctionnaire, sinon vous mettez six mois à créer une pièce. Quant à être directeur
d’un centre dramatique municipal : jamais! Cela ne s’accommode pas des initiatives. C’est fait pour une programmation et faire deux ou trois créations par an qui ne dérangent pas. Et si celui qui est à sa tête. veut faire autre chose, il part. La preuve!!!
J.-P. VEYSSIÈRE. – Il me semble que fonction et culture sont antinomiques. Néo-décentralisation
N.R. – Ne pensez-vous pas que vous êtes l’image fantôme, l’ultime étape de la décentralisation ?
G. MAGRÉAU. –
La décentralisation, ça pourrait être des théâtres régionaux populaires qui aient non pas leur «cathédrale» mais une multitude de petits endroits où jouer.
J.-P. VEYSSIÈRE. – Par contre, un lieu comme le nôtre n’est pas du tout reconnu. Lorsque l’on monte un festival de la chanson à Tours, on ne prend même pas contact avec moi. C’est un peu fort dans la mesure où nous avons fait défiler trois cents spectacles depuis cinq ans! En fait, on s’aperçoit que les gens qui comprennent
l’impact d’actions comme celles que nous menons viennent d’ailleurs…

– ANNULE – « Rockabilly rock’n’roll » – 25/06/81

Avec : Jack scott, Crazy Cavan (UK), Billy Hancock Sonny Fisher, Gene Summers, Memphis Rockabilly Band, Tex Rubinowitz et Alligators

+ Parc des Expositions d’Orléans (45)

Concert annulé faute de réservations, comme d’autres dates de la tournée.

« Rock contre l’armée » – 21/06/81

REICH ORGASM : Eric Mazout, Vandem, José et Patrice « Riff »

Avec : Stress, Golliwog, Maudit Flouze, Cristal, Blessed Virgin, Exode, Dilemme, Reich Orgasm et Radiation.

Bords du Cher (début rue du Pont-aux-Oies) à Tours (37)

Continuer la lecture de « Rock contre l’armée » – 21/06/81

– 16/06/81 – The Fanatics, La Souris Déglinguée (annulé) et the Cramps (US)

Flyer (Michel Rose)

+ Salle du Baron, boulevard Jean Jaurès à Orléans (45000)

Organisation : Carrié – 40 frs

La Souris Déglinguée était prévu en première partie des Cramps, mais suite à la pression du label des Cramps, c’est les Fanatics qui furent imposés.

Michel Rose