« Trop de toasts pour les punks » – 14/06/82

Trop de toasts pour les punks
Arrêt-buffet pour des punks bourrés en gare de Saint-Pierre-des-Corps. Pas de drogue dure pour les huit jeunes Anglais de 20 à 25 ans qui se trouvaient hier après-midi dans le train Paris-Tarbes.
En fait, ils avaient abusé du Bergerac au wagon restaurant. Un petit coup en entraînant un autre, ils se sont laissés aller à s'approprier des bouteilles supplémentaires (sans les payer) et célébrant Bacchus, s’en sont pris par injures et gestes obscènes aux autres voyageurs. De là à se croire dans les faubourgs de Port Stanley... La décision a été prise de débarquer ce contingent de joyeux lurons à Saint-Pierre-des-Corps. Le train s’est arrêté exceptionnellement. Un comité d'accueil d’une trentaine de fonctionnaires de police en tenue et en civil du commissariat de Tours ont pris en charge les punks aux cheveux colorés, et leurs bagages. Ils ont passé la nuit au poste, le temps de retrouver les idées claires et l'élocution facile. Avec un peu de chance, ils pourront arriver à temps pour assister au match France-Angleterre du Mundial, qui semblait être le but de leur voyage vers l'Espagne et suivre le match avec le fair-play qui sied aux sujets de sa Gracieuse Majesté.

– « Orléans Punk » – 23/05/82

Affiche photocopiée (A3)

Avec : Avec : Reich Orgasm, Komintern Sect, Radiation, 555.9, Idols, Cocktail, Raticide, Oppositie et Berlin Wallr

Salle des fêtes d’Olivet (45)

Organisation : La Centrale des Artistes du Centre – 20 frs

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15/05/82 – Les Alligators, Chris Evans et Rockin’Rebels

Patinoire de Bourgueil (37)

Organisation : Foyer des jeunes

50 frs

La nuit folle de Bourgueil : "Moi j'aime les bananes, quand y a du rock dedans !"
Ils attendaient 3.000 personnes, pas moins, dans leur patinoire toute neuve métamorphosée en temple à Gégène, Bill, Eddie, Elvis et Carl, le temps d’une soirée un peu folle : il en est venu 500 environ, qui avaient gagné Bourgueil samedi sur le coup de 21heures, pour se payer une tranche, une vraie, de rockabilly. Mais ce demi-millier de fans a dû faire chaud au cœur du Foyer des jeunes de la commune, qui avait eu l'idée d'offrir, au pays de Jean Carmet et des réjouissances pinardières, un plateau extra : pensez donc, il y avait là, en chair et en or. les trois têtes d'affiche du rockabilly tricolore. Dans l’ordre : les Rockin'Rebels, Chris Evans, les Alligators. De quoi faire frémir toutes les "bananes" du monde et voler les robes 50, donner des fourmis à un paralytique et des sueurs de nostalgie aux pépés de trente ans qui avaient fait le déplacement de Bourgueil ! Nous en étions : même que, le temps d’une superbe version du "Yaya Twist" de nos quinze ans, balancée par les Alligators, le sol, glissant de la patinoire devait nous valoir une chute aussi vertigineuse qu'humiliante…
A part ça… quelle soirée !

Devant un auditoire où les garçons l’emportaient, et de loin, dans la course au "look" le plus fou, sur les filles (pour une nana à la robe courte et aux bas résille noirs particulièrement réussie, combien de rockies à l’allure dingue, "banane" agressive, pompes écrase-merde et redingotes !), les Rockin’ Rebels avaient ouvert le feu. Pour les avoir conspués l’an dernier en première partie des Stray Cats à Tours, nous avions peur. Très peur ! Mea culpa : samedi à Bourgueil, les Rebels étaient tout simplement superbes. A l'image du guitariste du groupe avec son faux air d’enfant de chœur, ou du chanteur, qui a dû en des heures devant sa glace, à répéter dans leurs moindres détails les poses jeux de scène et mimiques de ses idoles ! Dans la foulée, le nommé Chris Evans manquait sérieusement de vitamine. On l’annonçait "frénétique" : il nous a paru un peu pâlot. On le disait habité par l'esprit des grands ancêtres : il a réussi à ne jouer qu’au sous-Gène Vincent, au rocker un tantinet ringard, maladif et pas même "crazy". Heureusement, heureusement, pour clore la soirée en beauté, ces jeunes crocodiles d’Alligators caennais étaient là. Leur chanteur, victime récemment d’une fracture de la jambe, avait amené ses béquilles sur scène : comme ça, avec sa gueule maligne et sa belle chemise rouge et noir, il avait l’air d’un pèlerin de Lourde qui aurait aperçu Gégène ou Elvis dans la grotte et aurait illico entamé "Something Else"…
Les Alligators, ouvrant tout grand le gosier, ont sorti le grand jeu, sans une seconde de répit. Et le "bœuf" final, avec les trois groupes réunis, était un beau morceau d’anthologie rock. Dans la salle, ça se tortillait dur, et Bernard, le quinquagénaire de Bourgueil venu en voisin et en curieux oublier sa solitude, n'était pas le dernier à être entré dans la danse. Les autres samedis, il a le musette : alors vive l’éclectisme, les "bananes" et les petites louloutes, disaient les yeux embrumés de Bernard, ce soir-là. Les nôtres aussi…
Pierre IMBERT. NR du 18/05/1982

– « Rock d’Orléans » – 09/05/82

Affiche 27-40 imprimée

Avec : Reich Orgasm, Euthanasie, Civil Radio, Tiers État, D. Stop et Un Departement

+ Salle du Baron, boulevard Jean Jaurès à Orléans (45000)

Organisation : Carrie – 25 frs

Émission : Visages du Centre – Production : France 3 Orléans

Reportage promotionnel pour le festival « le rock d’Orléans » le 9 mai à la salle du baron d’Orléans. Six groupes originaires du département s’y produisent : Reich Orgasm, D.Stop, Un Département, Euthanasie, Civil Radio, et Tiers-Etat.Télétrottoir sur le rock’n’roll auprès de personnes de tous âges dans les rues d’Orléans suivi d’un montage des prestations musicales de trois groupes du festival : Reich Orgasm, Euthanasie et D.Stop.Lors du télétrottoir : un monsieur âgé qualifie le rock’n’roll de « rigolade dépassée depuis longtemps ».

DEPLACE – 20/04/82 – Champion Jack Dupree (US)

+ Les Joulins au 18, rue de la Paix à Tours (37000)

+ Salle des Tanneurs (Thélème) au 3, rue des tanneurs à Tours (37000)

Organisation : Alien

Champion Jack Dupree « déplacé »
Les organisateurs ne faisaient pas le poids

Deux fois en quelques semaines, l’association – ou ce qu’il en reste – « Alien » a failli à son devoir. Nous avons déjà évoqué ici les difficultés rencontrées par ce groupe de jeunes qui souhaitaient organiser à Tours des spectacles.
Quelques « bouillons », une fuite en avant qui n’eut pour conséquence que la multiplication des dettes de l’association, et ce fut la mémorable soirée de « Font et Val ». Ce soir-là, la foule venue en force devant la salle du Rex trouva porte close.
Les organisateurs n’avaient pu rembourser leurs dettes et le propriétaire des lieux refusait de prendre un nouveau risque. Attitude tout à fait compréhensible, mais regrettable pour « Alien » qui perdait là sa dernière chance de ramasser une bonne recette.
Philippe Jaffré, le seul « »survivant » de l’association, totalement inconscient des problèmes dans lesquels il navigue en aveugle, fut bien forcé d’annuler les autres programmes annoncés. Jusqu’à dimanche dernier où, contre toute attente, nous recevions l’annonce du concert de Champion Jack Dupree, le pianiste de jazz, salle des Tanneurs.
Renseignements pris, les responsables de la salle n’étaient eux mêmes pas au courant. Ils virent débarquer « l’organisateur » avec autant de surprise que nous : pas une affiche n’avait encore été apposée dans la ville lundi, et nulle confirmation n’était parvenue au C.E.P. qui gère la salle de l’université.
Dans un café voisin
L’entreprise paraissait vouée à l’échec. Malgré & multiples conseils de prudence, Philippe Jaffré s’entêtait. Le C.E.P. demandait des garanties et son interlocuteur affirmait pouvoir payer la location de la salle l’avance… et en liquide. Quant au cachet des jazzmen, il se montait à 6.000 F, ce qui faisait affirmer à Philippe Jaffré que 180 spectateurs suffiraient à couvrir les frais. Ils ne furent que… 30! Et pour cause : l’affichage avait été insignifiant (« Alien » prétend qu’il n’a reçu le matériel que trop tard, le responsable de la tournée affirmant le contraire) et on ne pouvait pas attendre de miracle.
Passons sur les incidents qui eurent lieu à l’entrée de la salle. Passons aussi sur le travail effectué par les services techniques de celle-ci. sur le coût du matériel mis en place, sur l’étonnement du « tourneur » qui n’avait « jamais vu Ça », pour en arriver
à la conclusion de la soirée. Le malheureux Champion Jack Dupree, qui aura été bien involontairement responsable de l’ultime K.-O. d’Alien, était pris en charge par des spectateurs et le régisseur de la salle des Tanneurs. Chacun tentait de trouver un local, et c’est finalement le café des Joulins, proche de la faculté, qui accueillait les musiciens. Une ambiance qui devait rappeler à « Champion » les « speakesies » de sa jeunesse…
Quant au responsable de cette lamentable soirée, il court, avec à ses trousses, comme dans une mauvaise pièce de Boulevard, une troupe de plus en plus considérable de créanciers. Preuve que nul ne peut s’improviser responsable d’association, même dans le domaine du showbizz. Ce qui devrait en faire réfléchir beaucoup, en un temps où une multitude de « p’tits jeunes sympas » se prennent pour la réincarnation de Bruno Coquatrix.
NR du 22/04/1982