« Grève de la faim à Rochecorbon » – 06/12/82

+ Le Baldakan, « Champlong » à Rochecorbon (37)

Région de Tours
Les problèmes d'une discothèque
GRÈVE DE LA FAIM A ROCHECORBON
Depuis lundi matin, 8 heures, un homme fait la grève de la faim dans sa voiture garée sur la place de la Mairie de Rochecorbon : Michaël Ettedgui, propriétaire et patron de la discothèque Le Baldakan, située au lieu-dit "Champ-Long" à Rochecorbon, entend ainsi attirer l’attention sur la situation de son établissement et sur les injustices dont il prétend être la victime.
Il met en accusation le maire de la commune, M. Dupont. Celui-ci répond et tient à exposer sa version de l'affaire...
Ouvert le 10 octobre 1980, Le Baldakan accueille régulièrement des clients sur les hauts de Rochecorbon, dans un hameau de quelques maisons. En outre, l’établissement de M. Ettedgui a ouvert ses portes à des groupes de rock (les Stocks, Doctor Felgood) pour le plus grand plaisir des fans frustrés de l’agglomération tourangelle.
Pour s'installer, le jeune homme a acheté un: local qui avait reçu un permis de construire à usage agricole et dont il a, estime-t-on, changé la destination en en faisant un établissement à vocation commerciale.
Une métamorphose qui pose des problèmes dans la mesure où le lieudit "Champ-Long" est classé de par le P.O.S. en zone N.C. et ne peut donc voir fleurir de tels établissements, étant à dominante agricole.
« Certes, répond Michaël Ettedgui, mais alors, l'ancien débit de
boissons situé à côté du Baldakan, « Le Gosier sec » ? Et puis : « Le maire aurait pu résoudre la difficulté en faisant passer Champ-Long en zone N.B., ce qui aurait donné plus de souplesse... ». Et d’accuser le premier magistrat de la commune d'avoir refusé une révision du P.O.S. il y a un mois et demi...
Pour M. Ettedgui, « Le Baldakan est une discothèque saine, dont n'ont jamais eu à se plaindre les gens de la commune ». Et le patron de l'établissement de reconnaître sans problème qu’il a été condamné à Tours à une amende de 2.000 F pour avoir enfreint les prescriptions du permis de construire.
Deuxième raison de sa grève : les heures d’ouverture. Depuis six mois, on tolérait une petite rallonge jusqu’à 3 heures du matin. Terminé depuis samedi dernier, explique M. Ettedgui. « C'est vrai que l'autorisation jusqu'à 3 heures était une dérogation. Le maire aurait pu la renouveler ». Et d’ajouter : « Si mon établissement apportait le trouble, encore. Mais ce n'est pas le
cas ! ». Et de conclure avant de se replonger dans la lecture d’« Actuel » : « La moitié du conseil municipal est en ma faveur... ».
Le point de vue du maire
De son côté, M. Dupont, le maire, émet un avis légèrement différent. Sans chercher à envenimer les choses, il rappelle la situation du bâtiment de M. Ettedgui et qu’une enquête publique a eu lieu pour la modification du P.O.S. « Pas question de tolérer qu'un permis de construire soit dénaturé par un transfert de destination de bâtiment ! »
En ce qui concerne le problème des horaires, le maire précise : « Il a le droit d'ouvrir jusqu'à 1 heure. Et on ne lui a jamais fait fermer sa discothèque. Nos rapports ont été bons avec lui, toujours. ».
Ceci dit, le maire ajoute que son conseil se réunira lundi prochain pour discuter d'éventuelles modifications du P.O.S. Le problème de Champ-Long sera évoqué. « Si le conseil est majoritaire pour un changement de zone, je respecterai la décision démocratique. ». Et M. Dupont de conclure : « La grève de la faim pour un tel dossier me semble vraiment déplacée... ».