Radio Galaxie

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Radio-Galaxie
Au 12 de la rue des Bordiers, dans des locaux retapés à la diable peut- être, mais suffisants pour abriter leur expérience apparemment, les gens de Radio-Galaxie travaillent depuis le 5 octobre 81. Ils sont aujourd’hui, si l’on en croit les « sondages », dans le peloton de tête des radios privées locales du département. Deus ex machina, patron, âme de Galaxie, Eric Burman. Certains, évoquant sa tentative, ont parlé de la « personnalité controversée » de celui qui, rue des Bordiers, mène la barque. On connaît à Tours, dans les milieux d’extrême-gauche, Eric Burman. L’homme est ce qu’il est : sa radio seule nous intéresse ici.
Une radio libre ? M. Burman : « Je ne me suis jamais senti concerné par la nébuleuse des radios libres. Quand elles sont parisiennes, militantes, elles me paraissent souvent puériles. Moi, je n’ai pas l’intention, avec Radio-Galaxie, de faire œuvre de militantisme… ». Mais encore ?
« Plutôt arriver à trouver un compromis satisfaisant le plus grand nombre, sans pour cela tomber dans la démagogie. Ni France-Culture, ni R.T.L., quoi… ».
Dans son coin, l’une des collaboratrices du patron opine : étudiante en langues étrangères, Christine assure une grande partie des journaux. Elle est là à titre bénévole. Comme Chantal, la secrétaire, ou Anne-Marie, chargée du courrier et des disques à la demande. Toute une équipe qui, en cinq mois, a déjà connu des départs, des portes claquées. Qu’à cela ne tienne, semble penser Eric Burman, qui poursuit son rêve à la tête de l’Association de radiodiffusion tourangelle (siège à Esvres, impasse du Marché). Un rêve qui trouve à s’épanouir tous les jours, de 7 h à 23 h, et parfois 24 h, sur 101 MHz. Un coup d’œil sur la grille des programmes est éloquent : journaux, de 8 h et midi, invités de la mi-journée, petites annonces, « Jazz and blues », « Ciné-Galaxie », « Parcours musical », etc.
A Galaxie, on joue le jeu de l’information, de l’animation, de la distraction, du culturel servi sur un plateau. Et le nerf de la guerre ? Burman : « On a démarré avec 50.000 F. Le local nous a été prêté par la mère d’un des membres de l’association. Et je suis allé voir un commerçant de Tours, qui nous a installé le studio et l’antenne… ».
Et l’avenir, depuis la loi du 9 novembre interdisant la pub’ sur les ondes des radios libres ? « On trouve indécent cette interdiction. Elle ne peut que favoriser les puissances d’argent, les « radios-fric » justement… ».
Alors, à Galaxie, on pratique non le flash publicitaire, mais « l’échangé de services ». Nuance ! Et on compte sur les dons, « reçus, mais en nombre insuffisant». Au 12, rue des Bordiers, on le rappelle à qui veut l’entendre : personne derrière Radio- Galaxie. Et devant, quel avenir ?

Pierre Imbert N.R. du 30/03/1982

Une provocation?
Pour faire monter son taux d’écoute, Radio-Galaxie n’hésite pas à employer des méthodes peu orthodoxes. Quelquefois assez inadmissibles au niveau du choix.
Ainsi, il y a quelques jours, cette antenne a donné la parole à M. Pierre Guillaume, éditeur des ouvrages de Robert Fauris- son, cet universitaire lyonnais qui ose prétendre que « les chambres à gaz n’ont jamais existé ». Au cours de cette émission, tous les arguments usés et éculés du fascisme, du racisme et de l’anti-sémitisme ont été avancés.
Inconscience, goût du scandale ou provocation délibérée ? Sûrement un peu de tout cela à la fois. En tout cas, des voix se sont élevées pour condamner un « débat » qui aurait pu s’intituler : « Hitler ? Connais pas… ».

Pierre Imbert N.R. du 30/03/1982