« Rock au cœur de la France » – 09/89

Avec : Dominic Sonic, Gamine et Sun

Avec : Jad Wio, Négresses Vertes et Mano Negra

+ La Halle aux grains à Bois (41)

Organisation : Graffiti Production

Plein tarif : frs

ROCK AU COEUR
La consécration sous la hall

Il se pourrait bien que le festival « Rock au cœur » soit l’un des principaux rendez-vous de ce que la France peut produire de meilleur en matière de rock français. Festival marathon qui, pour la soirée du vendredi, commença avec… deux heures de retard.
Le concert commença avec Dominic Sonic: Son trajet initiatique (Stooges, Velvet, Stones, MCS, Suicide, Greg’ Allman…) le fait hériter d’un purisme de grande lignée. Il n’embarrasse plus sa musique d’imitations, maladroites; le Rennais s’exprime avec naturel et ne retient que l’essentiel.
Gamins, peut-être, mais pas Innocents, les Gamine vinrent ensuite. Les mêmes semblent avoir adopté l’acoustique, non pas par opportunisme, mais pour construire leur son aérien. Et puis une voix, douce et amère, persuasive sur des titres comme « Koelkast » ou « les Gens sont si bizarres », Touchant ces petits anges…
L’explosion et la mise sur orbite fut déclenchée par les Satellites. Ces joyeux drilles, montés sur ressorts, catapultèrent le public sur la planète délirante des cinglés. Un show de folie et de bonne humeur.
Il fallut aux Sun beaucoup de courage pour passer derrière eux. Leur intimisme électro-acid déboula pourtant des ballades trompeuses et des riffs durs finissant dans la débauche. Un équilibre miraculeux et fragile que l’on retrouvera bientôt sur les deux faces de leur album.
Le lendemain, une queue impressionnante s’étalait devant la Halle. À 21h, la salle était bondée. Les Graffitis pouvaient être fiers !
Premier concert : Jad Wio firent de nous les voyeurs d’un inatant. Ils flashent malsain sur Priscilla plutôt que sur Elvis et, dans les traces d’un Taxi Girl hard (« Brilnom, Brilnom ») revisite Gainsbarre (« Ophélie »), titille même Bardot (« Contact, version X »).
Le public est à point pour la venue des Négresses Vertes. On comprendra aisément pourquoi le monde entier les réclame. Le rock français, grâce à eux, à une identité. Leur musique puise dans les roots de notre patrimoine folklorique pour en faire ce qu’ils appellent Si bien « de la chanson française deuxième génération, chanson française beur… » Les Négresses sentent bon le vieux Paris, ses rues étroites et mal pavées. En n’utilisant que des instruments acoustiques, guitares, accordéons plus une section de cuivre, les N.V. sont résolument tournés vers le culte de la France éternelle.
L’apothéose de ce festival arriva avec les Mano Negra. Après une tournée cet été en
Amérique du Sud, où ils jouèrent parfois devant cinq mille Indiens qui n’avaient jamais entendus une guitare électrique, ils nous offraient, samedi soir, un avant-goût de leur prochain album chez Virgin. Un Carton ! « Mala Vida » transforma la foule en délire en un étonnant phénomène militant collectif. Un triomphe !